La petite Livvy avait toujours trouvé que la vie, c’était quelque chose de formidable. Dès ses premiers instants de vie, elle avait savouré les délices que lui offraient le soleil, la brise matinale, ou tout simplement le paysage ravissant. Toujours empêtrée dans la coquille de son œuf, elle ne bougeait pas, non par peur de l’inconnu, mais bien par peur de faire fuir ce moment magique. À peine lui avait-on insufflé la vie qu’elle l’aimait déjà.

Mais la quiétude ne pouvait pas durer indéfiniment, et on pouvait d’ores et déjà apercevoir une silhouette dans le lointain. Il était temps pour petite Livvy de se trouver une maison et une famille qui l’entourerait et l’aimerait de tout son cœur. Ladite famille se trouvait pour le moment être l’immense créature qui s’approchait peu à peu du bébé. Terrifiante, tout de crocs et de muscles, le pokémon d’allure aquatique avait tout pour effrayer petite Livvy qui n’avait malheureusement que ses minuscules pattes pour se défendre. Mais l’être se présenta calmement devant elle, avec ce quelque chose de triste et d’aimant dans le regard qui semblait signifier « merci d'être là, maintenant je m'occuperai au mieux de toi ».

Elle portait le doux nom de Merry et l’emmena avec elle au pays des créatures aquatiques. Elle était elle-même une Aligatueur sans âge vivant à peu à part de la Confrérie, ce qui créait et renforçait cette impression qu’elle n’était plus accrochée à rien. Mais la petite Livvy ne s’en préoccupait point ; elle était gentille et aimante, ce qui faisait d'elle le seul être avec "tueur" dans son nom. Petite Livvy trouvait cela tout à fait adorable. Merry s’était vite présentée comme sa nouvelle Maman, et petite Livvy eu vite fait de l’apprécier, puis de la couvrir de tout l’amour dont son petit cœur était capable. C’est elle qui lui donna le ravissant nom, pourtant sans signification apparente, de Livvy ; les deux pokémons étaient désormais liés par la même consonance.

La fille et la mère passaient beaucoup de temps ensemble : papoter de futilités, raconter des histoires, enseigner ses connaissances,… c’est de cela que se constituait la nouvelle vie de ces pokémons. Petite Livvy adorait les histoires sur Arceus ; elle était passionnée par ces légendes, la gentillesse de ce dieu tout puissant, ou encore par l’univers qu’il avait créé. Mais Merry avait un jour confié à petite Livvy une histoire légèrement plus insolite et personnelle qui n’avait pas manqué de la marquer. Sa maman avait un jour eu un compagnon avec qui elle avait choisi d'élever un des petits qui écloraient dans le champ de fleurs Aqua. Bien entendu, cet œuf appartenait à la petite Livvy. Malheureusement, son compagnon n'était plus. Pour honorer sa mémoire, elle avait accompli leur souhait commun et la couvrait désormais d’amour et d’attention. Petite Livvy savait désormais d’où venait la tristesse évidente de sa mère. C’est donc dans l’optique de lui faire retrouver le bonheur qu’elle avait décidé de sourire pour deux.

Mais petite Livvy avait grandi et, armée de ses 22 lunes, sa mère avait décrété qu’il était temps pour elle de s’intégrer davantage dans la Confrérie. Pour cela, la maman croco avait prévu l’objet qui rendrait sa fille encore plus parfaite et belle aux yeux des autres et d’elle-même : la pierre eau, un des voir le caillou le plus gracieux et convoité de tous. Après un simple effleurement de l’objet à la surface lisse, petite Livvy s’était transformée en majestueux Aquali. Toujours de petite taille, je vous le conçois, mais qui faisait à coup sûr fondre des cœurs avec sa mignonnerie évidente. Elle adorait être comblée de compliments, mais avait également une certaine réticence sur son nouveau physique et n’était pas sûr d’être satisfaite. Mais elle s’était rapprochée drastiquement de sa mère grâce à ses nouvelles nageoires, sa couleur bleue et sa collerette royale ;  c’est tout ce qui comptait.



Mais il y a dans la vie ce qu’on appelle l’injustice. Car l’existence de notre petite Livvy n’était-elle pas tranquille et trop parfaite ? Un peu d’amertume et de désespoir ne pouvait rendre que plus forte le bébé qu’elle était, n’est-ce pas ? La vie, qui nous gâte et rempli nos yeux de belles choses, s’empresse toujours à un moment ou à un autre de tout nous reprendre. Petite Livvy affichait désormais un visage las, après que la tristesse lui soit tombée dessus et lui ai volée toutes les larmes de son corps. Ses membres trempaient salement dans la boue qu’avait laissé l’orage, et reflétait parfaitement toute la boule d’émotion de petite Livvy. Petite Livvy n’aimait plus la vie.

Assise face au corps étendu de sa mère, petite Livvy ne pense plus. Maman Merry, tâchée de son propre sang, avait la gorge balafrée par une coupure profonde et peu ragoûtante. Pas d’autres traces, ni de cause naturelle, ni même de cause extérieure. Maman Merry avait mis fin à sa vie par ses propre moyens, mais elle affichait pourtant le visage le plus serein et reposé que petite Levvy eu l’occasion de voir. Que c’était ironique.



Depuis, petite Livvy a beaucoup changé. Que c’était bizarre pour elle de vivre sans personne à aimer, avec qui partager sa bonne humeur et son énergie débordante. Elle avait fini par rejoindre les autres omégas et était désormais prise en charge par l'Alpha et le Bêta de sa Confrérie. Mais elle n’avait que faire d’eux. Petite Livvy s’était petit à petit déconnectée du monde en s’évadant dans le monde paradisiaque de ses rêveries. Toute seule. Car le monde qu’elle aimait tant par le passé ne lui plaisait plus autant, tout comme les personnes qui le peuplait. La seule chose à laquelle Petite Livvy portait un intérêt certain était le combat. Elle était impressionnée par l’agilité et la dextérité des coups, des attaques, des mouvements. Petite Livvy avait décidé que toute l’énergie et la colère qui remplissaient son maigre corps serait mis à contribution dans la bataille. Elle se fichait de son espèce, elle se fichait que ce soit une activité futile : c’était ce qui la faisait se sentir à nouveau vivante. Et petite Livvy n’avait pas l’intention d’abandonner comme l’avait fait sa mère.

Mais n’oublions pas le principal. Malgré tout la volonté du monde, petite Livvy n’est encore qu’un bébé ; elle devra encore grandir du corps et de l’esprit avant d’accomplir tout ses souhaits.