Le vent soufflait doucement sur les feuilles dans les arbres qui frémissaient, réchauffées par le chaud soleil de ces terres qui lui étaient encore inconnues. Une brise un peu plus forte que les autres arracha à la volée une partie du feuillage vert qui entreprit sa course vers la terre, d’où elles étaient jadis nées. Les plus abimées s’écrasèrent les premières. Les autres se balancèrent de droite à gauche, dansant silencieusement sur le souffle de la nature. Progressivement, elles atteignirent toutes la terre recouverte de mousse sans un bruit. Toutes, sauf une.

Un brusque mouvement coupa rapidement la trajectoire à la dernière feuille, lui donnant un hélant vers le haut. Elle tourbillonna sur elle-même, agacée, puis reprit sa route avant d’être coupée de nouveau. Une forme décorée de blanc et de bleu l’attrapa au vol et la projeta vers le haut. Elle tournoya encore et encore, le jeu se poursuivant ainsi encore une dizaine de minutes avant que le Pokémon délaisse son jouet pour s’envoler dans une autre direction.

Cela faisait maintenant des heures que le légendaire s’amusait seul sur les terres étrangement verdoyantes. Il avait bien cherché un compagnon de jeu, mais il avait fini par abandonner après avoir constaté l’absence d’âmes qui vivent. Il avait alors entrepris d’égayer seul sa journée. Or, lui qui était habitué à vivre calmement loin des autres,  il avait senti la solitude pesée sur ses épaules blanches. La présence de sa sœur lui manquait. Elle lui manquait terriblement.

Le grand Pokémon ailé perdit un peu d’altitude, la mine triste. Même si sa mère lui en voulait, il l’aimait. Et elle lui manquait également. Il aurait tout donné pour les revoir... Mais il savait bien que c’était mieux ainsi. Il n’avait pas le droit de  briser à nouveau leur vie comme il l’avait fait il y a quelques mois.

Alors... il jouait seul. Car seul, il l’était ! L’idée l’avait traversé d’aller à la rencontre d’Euphemia pour lui demander de jouer avec lui, mais il ne voulait pas déranger la douce Pokémon de type combat. Elle avait bien d’autres choses à faire de toute manière. Et puis, il se rappelait leur première rencontre. Elle lui avait clairement dit qu’elle n’appréciait pas les légendaires, même si elle avait tenté de se rattraper par la suite. Il comprenait malgré tout et il ne voulait pas lui imposer ainsi sa présence... Alors il était seul.

Le Latios se secoua, puis s’envola de quelques mètres, poursuivant un camarade invisible en lançant des petits cris joyeux. Il contourna les gros rochers, s’amusant à se cacher derrière ces derniers. Il aimait bien cet endroit.

Puis, soudainement, il s’immobilisa. À plusieurs mètres de sa position, caché par des arbres et des arbustes, un Pokémon s’approchait. Il sentait son aura. Assurément, l’autre individu ne l’avait pas remarqué. Coéos activa sa défense spéciale et devint invisible aux yeux de tous, devant un simple spectateur. S’appuyant sur le gros rocher, il observa silencieusement le Pokémon avancé sur la mousse verte. Maître dans l’art de la discrétion, il se contenta de regarder la forme se déplacer.

Le Pokémon qui avait fait son entrée en scène semblait être un jeune Macronium. Coéos le reconnaissait surtout à son collier de feuilles ainsi qu’à sa peau entre le jaune et le beige. Après quelques instants à le contempler, il décida à se montrer, redevenant visible en s’approchant lentement de lui dans l’optique de ne pas l’effrayer. Il s’abaissa à sa hauteur, puis s’exprima d’une voix claire et affable :

COÉOS. – Dis, tu veux bien jouer avec moi ?