Il n’y avait que deux options pouvant nous pousser à s’aventurer dans les Ruines lorsque nous ne sommes pas un Pokémon spectre ou ténèbres : soit on possède une très bonne raison… Soit on est tout simplement fou ou on n’a rien d’autre à faire. C’était au choix de chacun. Katharistis n’était pas une exception à cela. Il n’avait pas de but précis en venant ici… Il avait simplement laissé ses pas le guider à travers les chemins sans se demander où tout allait le mener. A vrai dire, ça, il s’en moquait éperdument, pour la simple et bonne raison qu’il ne se préoccupait que très rarement de sa destination. Il était plutôt du genre à vivre au présent, au jour le jour ; ne se souciant pas du lendemain avant que ce dernier n’arrive. Une philosophie de vie qu’il avait adopté très tôt déjà et elle ne l’avait jamais quitté et ce, même lorsqu’il avait été désigné pour devenir le Bêta de sa confrérie. Lui qui n’avait jamais été d’une ambition débordante. Il ne se considérait pas non plus comme étant forcément meilleur qu’un autre. Il se voyait simplement tel qu’il était. Tel qu’Arceus avait bien voulu le façonner. Et par ce fait, il ne se plaçait jamais au-dessus de son rôle. Certes, son attitude peut parfois démontrer autre chose mais c’est simplement parce qu’il n’en reste pas moins fier d’être ce qu’il est. Ça peut paraître compliqué mais de toute évidence, il ne demande pas à être compris par tout le reste de l’univers. De plus, Katharistis a parfaitement conscience que certains éléments mystérieux ne sont pas nécessairement à sa portée. Il l’a plus ou moins compris pendant cette journée-là ; quand il s’est rendu sans le vouloir dans la forêt des chuchotis… Une expérience qu’il ne semble pas prêt à oublier.

Au départ, il ne ressentait rien de réellement étrange ou étouffant. Il en venait presque à penser que les rumeurs qui circulaient sur cette forêt étaient entièrement erronées. Presque. Un peu plus d’une dizaine de minutes après être entré dans cet endroit, il commençait à avoir la très désagréable impression d’être suivi. Puis vinrent les voix, les chuchotements… Ces dernières et derniers ricochaient dans sa tête. Il en entendait dans tous les coins et Katharistis sentit assez rapidement un mal de crâne venir. Il ne savait plus vraiment quels bruits étaient réels et ceux qui ne l’étaient pas. La distinction entre les deux devenait de plus en plus compliquée à effectuer. Il poussa un hurlement similaire aux loups qui hurlent à la lune. Action désespérée pour tenter de se débarrasser des voix incessantes. « Laissez-moi, allez-vous-en ! Je veux juste la paix ! » Ou que quelqu’un lui vienne en aide…

HRP:

Insupportable. Il n’y avait pas d’autres mots pour décrire l’horrible mal de crâne qui submergeait Katharistis. Ces voix allaient réellement finir par le rendre fou et là, ce serait certainement la fin. Il ne voulait pas. Il ne voulait pas que tout s’arrête sur un simple accident de parcours. Il fallait qu’il parvienne à se défaire de ces voix atroces. Il devait être le seul à entendre ces paroles qui lui perçaient les tympans. Alors quand il hurla son désespoir, beuglant qu’il voulait être tranquille… Toute la forêt aurait été capable de l’entendre. Pour peu qu’il y ait effectivement quelques rôdeurs. Et évidemment, ça ne loupa pas. Le Suicune commençait à réellement désespérer, se disant que personne d’autre n’osait s’aventurer ici et que de ce fait, personne ne pourrait venir l’aider. Il se trompait. Peut-être pas sur le plan de l’aide. Mais il y avait quelqu’un. Quelqu’un qui parvint à faire taire les chuchotis mais dont le ton bien plus réel ne rassurait pas forcément pour autant. Ce dernier était agressif, empli de haine. Katharistis pouvait clairement le sentir. Mais pourquoi ? Pourquoi le détestait sans vraiment apprendre à le connaître ? Pourquoi se mettre à le haïr juste parce qu’il était Suicune ? Tout ça, il ne l’avait pas choisi. Sa naissance, il ne l’avait pas forcément désiré alors oui, l’animosité que certains pouvaient parfois lui témoigner, il ne la saisissait pas. Et pourtant, ce n’était pas faute d’avoir essayé et ce, à plusieurs reprises. Mais peut-être qu’il s’attaquait à des cas un peu trop complexes. Des cas où la haine pure était ancrée de manière beaucoup trop profonde. Comme ça semble être le cas chez Amarante, par exemple. Quoi qu’il en soit, cette ombre ne donnait pas l’impression d’être présente en amie. Pourtant, Katha’ fit son possible pour rester totalement neutre et impassible. Aucun signe de bienveillance. Aucun signe d’hostilité. Il ne souhaitait pas l’affrontement mais si ce dernier se mettait à paraître inévitable, alors il ferait fièrement face. En attendant, il choisit plutôt d’opter pour la diplomatie. « C’est exact… Mais j’ai aussi un nom autre que ma race. Je m’appelle Katharistis. Et toi ? Qui es-tu ? Tu es un Pokémon, n’est-ce pas ? Pas une simple ombre, je le sens. » Il resta quelques secondes sans bouger, à attendre de voir comment les choses allaient évoluer. Puis, il décida de se lancer, de lui poser la question. Après tout, il n’avait rien à perdre à tenter. « Pourquoi tant de haine et de mépris dans tes mots ? Toi qui pourtant ne me connais pas. »

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Peu à peu, il commençait à reprendre les pleines possessions de ses moyens. Les voix semblaient s’en être définitivement allées. Pour le moment, en tout cas. Et ça, le Suicune le devait uniquement à l’apparition de cette créature peu aimable qui se dissimulait derrière un « masque » et qui se permettait de porter un jugement sur une personne inconnue. Katharistis aurait pu lui être chaleureusement reconnaissant si seulement elle n’avait pas pris ce ton avec lui. Si seulement elle se montrait moins agressive. Ou si au moins, elle avait eu une quelconque bonne raison qui pouvait justifier un tel comportement. Mais non. Il ne semblait rien y avoir de tout cela. Et étrangement, le Suicune ne fut pas particulièrement étonné en entendant la réponse de cette ombre. Ce n’était pas la première fois qu’il rencontrait un Pokémon qui disait haïr les légendaires pour ces mêmes raisons mais… Il y avait tout de même une différence notable entre ces deux-là. Amarante se battait pour devenir quelqu’un par ses propres moyens. Un combat parfaitement louable… Mais elle, elle semblait constamment s’abattre sur son propre sort sans même envisager la possibilité de le changer. Les paroles de l’inconnue le poussèrent à légèrement s’ébrouer comme s’il venait de soupirer. « C’est faux. », déclara-t-il sur un ton qu’il voulait calme mais ferme. « Aucun d’entre nous n’a demandé à naître ainsi mais nous l’acceptons. Toi aussi, tu devrais agir ainsi. De plus, tout le monde est l’enfant d’Arceus au final. Même si c’est lointain. Il a créé les légendaires, la vie et donc toi par conséquent. » Katharistis s’interrompit quelques secondes, le temps de trouver les mots juste pour bien faire passer son message. Puis, il reprit la conversation. « Tu es un Pokemon parmi tant d’autres parce que tu ne fais pas l’effort de te démarquer. Tu ne t’en crois pas capable. Tu n’as aucune confiance en toi. » Ses paroles pouvaient paraître crues mais c’était voulu. Cela dit, il continuait à s’exprimer calmement, sans colère ou un autre sentiment négatif. « Tu peux attendre la mort sans rien tenter, si tu le veux. Continuer à te plaindre. A gémir. A te cacher derrière une apparence qui n’est pas la tienne. Ou bien tu peux te réveiller pour prouver au monde que tu es quelqu’un. Par tes actes. Parce qu’il faut que tu saches que chaque être vient au monde pour accomplir quelque chose. Il faut simplement s’en donner la peine. » Le Suicune fixait cette ombre avec insistance dans le but d’appuyer ses propos. Et si elle ne voulait pas comprendre, tant pis. Katha’ se contenterait simplement de partir, sans rien rajouter. Si elle ne voulait pas faire des efforts, alors toutes propositions d’aide étaient vouées à l’échec.

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La mentalité de ce Pokémon était bien étrange. Et bien déplaisante, aux yeux de Katharistis. Il n’aimait pas sa façon de penser et d’envisager les choses. Il n’aimait pas cette idée de se plaindre sans pour autant tenter quoi que ce soit pour changer sa situation. Et cette habitude de tout renier en bloc… Il y a des faits, des choses qui sont bien là et nier leur existence, c’est mener une vie de mensonges. Un chemin qui n’a jamais mené à rien. Rien de bon. Rien de constructif. On peut s’en rendre compte par soi-même assez rapidement ou… Comme ça semble être le cas pour elle, continuer sur des fausses certitudes sans jamais se donner les moyens de progresser dans sa vie. Katharistis s’ébroua une nouvelle fois. La réponse fournie par ce Pokémon l’avait déçu. Sincèrement. Il ne comprenait pas pourquoi certains se permettaient de lui coller une étiquette alors qu’il n’a rien fait de mal. Et la plupart du temps, c’est gratuit. Il n’a rien demandé. Que ce soit ces insultes ou ces caractéristiques… Cette haine gratuite est tout simplement insupportable. Et puisque visiblement, elle ne veut pas comprendre que le Suicune chercher à l’aider et non pas à la rabaisser davantage, il va falloir changer de tactique. Le chien de l’eau n’aime pas en venir à ce point mais sur ce coup-là, il s’avère qu’il n’a pas vraiment le choix. « Tu as raison. Pour ce que tu as dit tout à l’heure. » Il se tait pendant quelques secondes, laissant ainsi le Pokémon inconnu réfléchir à quelles paroles il peut bien faire référence. Une minute, deux minutes, trois minutes… Puis, il reprend. « Tu es faible. » A nouveau quelques secondes s’écoulent pour lui laisser le temps d’assimiler ces paroles. « Tu ne peux rien faire pour le moment et en poursuivant par ce chemin, tu ne changeras pas. » Mon ton et calme mais ferme et puissant, de ceux qui ne tolèrent aucune protestation, qui énoncent une vérité évidente. Elle pourra crier tous les « non » qu’elle veut, le fait jusqu’à ne pleut pouvoir former un son, au fond, le Suicune est certain qu’elle a conscience que son problème vient uniquement d’elle. Elle veut changer ce monde, faire taire les inégalités, mettre tout le monde sur un piédestal ? Une idée noble, utopique, mais noble. Et ça reste un objectif même s’il est inatteignable. Soyons réalistes… Le monde ne sera jamais parfait. Il y en aura toujours certains qui seront plus chanceux que d’autres. C’est ainsi et on ne peut rien y faire. C’est se bercer d’illusion. Mais quand on a un objectif, on peut trouver la force d’avancer et peut-être de faire quelque chose d’intéressant de sa vie. Mais pleurer ne changera rien. « Tu ne pourras pas parce que tu n’as pas une volonté assez forte. Pas parce que nous existons. Tu veux changer le monde ? Alors arrête de pleurnicher et de t’apitoyer sur ton sort, c’est ridicule et ça ne t’avancera à rien. Cherche plutôt à te battre et à progresser pour ce que tu crois. Pour ton idéal. Même si ce dernier est utopique. Le futur est toujours envisageable. Il y en aura toujours un. Toujours. Mais s’il n’est pas comme tu aimerais qu’il soit, c’est uniquement de ta faute. Ne me mets pas ton malheur et ta faiblesse sur le dos. » Toujours très calme, Katharistis insiste néanmoins sur ces derniers mots. Il n’a rien à se reprocher et souhaite bien le faire comprendre à cette inconnue. Et même si elle tente de l’intimider en se rapprochant, ça ne fera rien. D’ailleurs, à ce sujet, il n’a même pas bougé un seul poil de son pelage, restant immobile et sans aucune crainte.

hrp:

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