Qui suis-je ? Il fut un temps où je me suis longuement posé la question. Qui suis-je réellement et quelle est ma place sur cette Terre ? Pourquoi Arceus m’a-t-il donné naissance ? Ces questions, je les ai ressassées dans mon esprit. Encore et encore. Elles tournaient en boucle sans que je ne puisse jamais y répondre. Etais-je mal dans ma peau ? Non, je voulais juste comprendre qui j’étais et quel était mon rôle dans cet espace immense qu’est l’univers. Je me suis toujours interrogé. Mais ce n’était pas à cause de la vie que je menais. Non. Celle-ci a toujours été relativement calme et paisible. Je n’ai jamais vraiment eu à me plaindre. J’ai vécu comme je le voulais, allant où je le désirais. Je n’étais pas retenu par quoi que ce soit. Du reste, est-ce que je peux dire aujourd’hui que j’ai trouvé des réponses à toutes mes questions ? Je n’en sais rien. C’est encore confus, quelque fois. Mais laissez-moi vous raconter mon histoire. Cela vous permettra de vous faire un avis et peut-être… De m’aider à affirmer le mien. Il paraît que parler peut parfois être libérateur. Vérifions.

Contrairement à ce que tout le monde peut penser, je ne suis pas originaire des terres de la Confrérie Ignis. Non, mon œuf a éclot ailleurs, non loin du Dojo des Pugna. C’est de là que je viens. Si on se fie à mon lieu de naissance, c’est là-bas que sont mes origines. Et c’est sur ces terres que j’ai grandi. Avec mon frère. Amarante. Oui, l’Epsilon actuel de cette Confrérie est mon frère. Nous avons grandi et joué ensemble. Avec les mêmes parents, les mêmes Pokemons qui ont bien voulu nous prendre en charge. Lui jeune Riolu, moi, jeune Poussifeu. Nous nous entendions très bien et nous étions proches. Pour un peu, nous aurions pu être des jumeaux. Mais ce n’était pas le cas. Cela dit, aucun de nous ne le vivait mal, au contraire. Et puis, à 100 lunes, j’ai évolué en Galifeu. Et là, une envie d’aventure a commencé à doucement s’immiscer en moi. Je ne voulais plus rester. Je ne voulais plus me contenter de ce que j’avais, à cette époque. Je ne voulais plus de cette routine. Je voulais profiter pleinement de ma vie. Et je ne voulais pas qu’elle se résume à quelque chose de tranquille et d’ennuyeux sur les terres où je suis né. Je voulais voir autre chose, parcourir le monde. Découvrir ce pour quoi j’existe. Je bouillonnais de curiosité. Alors je suis parti. Du jour au lendemain. J’ai prévenu mon frère. « Je pars. Je quitte le Dojo. Il le faut. Peut-être nous retrouverons-nous un jour, mon Frère. », dis-je avant de lui tourner le dos. Je me suis mis à marcher, m’éloignant de lui, petit à petit. Sans me retourner. Sans un regard en arrière. Mon choix était fait. Et il était définitif. Je ne reviendrai pas sur ma décision. Ce jour-là, c’est un chapitre entier de mon existence qui s’est achevé et tourné. Désormais, je regardais vers l’avenir et vers ce que j’allais pouvoir découvrir. Le monde était à portée de ma personne. Et je ne comptais pas laisser cette chance s’échapper. Peut-être était-ce égoïste vis-à-vis de ma famille. Mais j’en avais besoin. Pour moi, c’était vital.


J’ai alors marché, seul, durant plusieurs jours. Je me débrouillais pour boire et je chassais quelques gibiers pour me nourrir. Je prenais juste ce qui était nécessaire à ma survie. Ce mode de vie ne me dérangeait pas. Il me permettait de voir autre chose. Et puis, j’ai fini par arriver aux Grottes Volcaniques. C’est là que j’ai fait connaissance avec la Confrérie des Ignis. Honnêtement, je ne pensais pas m’installer parmi eux. Je pensais uniquement rester quelques jours en leur compagnie, tout au plus. Pourtant, ce n’est pas ce qui est arrivé. Aussi étrange que cela puisse paraître, je me suis senti bien, à leurs côtés. J’avais l’impression d’avoir trouvé une nouvelle demeure familiale. Un endroit qui pourrait éventuellement me correspondre. J’ai réfléchi, j’ai pesé tous les pour et les contre. Et finalement, je suis resté. Je suis allé voir l’Alpha et je lui ai fait part de mon désir de m’installer parmi eux. Nous avons beaucoup discuté et finalement, il a accepté de m’accueillir, faisant ainsi de moi, un membre à part entière des Ignis. A mes yeux, le Dojo n’était déjà plus qu’un lointain souvenir… Un élément de mon passé que je venais d’enterrer par cette décision. Il était trop tard pour le regretter. Il fallait avancer.

Et ce n’est pas peu dire que c’est effectivement ce que j’ai fait. Je me suis encore plus intéressé à ce qui se faisait de particulier chez eux. C’est là que j’ai découvert le rôle des Forgepierres. Ils travaillaient n’importe quels objets qu’ils étaient capables de faire fondre pour en faire ce qu’ils voulaient. C’était vraiment fascinant. Je voulais pouvoir faire comme eux. Alors je me suis débrouillé pour faire partie des leurs. Au début, ça a été compliqué. Et puis, j’ai suivi les conseils qu’ils me donnaient. Je me suis presque acharné au travail. Et finalement, j’ai réussi à me faire un certain nom parmi eux. Plus particulièrement grâce à une journée. J’avais 250 lunes. Je travaillais sur quelque chose de plus solide que ce que j’avais déjà pu voir. Je n’arrivais pas à le faire fondre. Et puis, dans un énième élan, j’ai donné LE coup de Poing de Feu. Là, l’objet n’a pas fait un pli et il a fondu. Et moi, j’ai encore changé. C’est ce jour-là que j’ai atteint le plus grand stade de mon évolution naturelle. J’étais devenu un Braségali. Fier et puissant. Dès lors, les autres Forgepierres me considéraient comme leur frère. Je faisais officiellement partie de leur groupe.

Plusieurs lunes plus tard, j’ai découvert que mon frère – qui avait lui aussi changé – était officiellement devenu l’Epsilon des Pugna. Je n’étais pas jaloux. J’étais même plutôt fier de lui. Mais étrangement, je ne voulais pas qu’il soit le seul de nous deux à être capable de se hisser à un tel niveau. Je n’ai pas plus réfléchi. J’ai trouvé l’Epsilon de ma Confrérie – un Typhlosion femelle appelée Andrina – et je lui ai demandé de faire de moi son apprenti. J’étais même prêt à la supplier. Mais à ma grande surprise, elle a accepté. Non sans me prévenir que la route ne serait pas facile et qu’elle serait longue. Qu’importe. J’étais prêt à franchir toutes les étapes. J’ai donc commencé ma formation. Bien entendu, je poursuivais mon travail de Forgepierre à côté. Je ne voulais pas abandonné mes compagnons et je souhaitais continué à les aider du mieux possible. Je leur devais au moins ça. Certes, ma formation me prenait du temps mais j’arrivais toujours à trouver un moyen pour être un peu avec eux. J’étais heureux de pouvoir assumer les deux rôles à la fois. Et puis, un matin, alors que je fouillais dans un buisson pour dénicher des plantes spécifiques pour mon maître, ma main a touché une étrange pierre qui m’a fait changer de forme. Pour la première fois, je venais de revêtir l’apparence d’un Méga-Braségali. Je ne pensais pas que c’était possible mais je venais encore d’évoluer, de changer. Un cheminement s’est alors fait dans mon esprit. Si j’ai pu changer grâce à cette étrange pierre, alors il est nécessaire que je la prenne avec moi. Du moins, si je veux conserver cette forme. Je l’ai donc ramassée, avec mes plantes. Et je suis retourné chez les Ignis…


Les lunes passent et elles ne se ressemblent pas. En effet, le temps n’attend personne. Quel qu’il soit. Aujourd’hui, j’ai encore vieilli mais mon physique ne change plus. J’ai choisi de conserver cette pierre. Elle se trouve toujours sur moi elle me permet de garder ma forme méga-évoluée. Un autre événement majeur de ces dernières lunes, c’est le fait que mon mentor, Andrina, ait pris sa retraite. Elle a estimé que j’étais parfaitement prêt et apte pour reprendre le poste d’Epsilon des Ignis. Un véritable honneur pour moi car au fil des lunes, elle est devenue une personne que je respecte énormément et pour qui j’ai beaucoup d’estime. Indéniablement, elle fait partie des Pokemons les plus chers à ce qui me sert de cœur. D’ailleurs, la cérémonie de passage a été très solennelle. Nous étions en comité réduit et cela me convenait très bien. Enfin… Depuis que je suis entré en fonction, je continue quand même à lui rendre visite. Et parfois, il m’arrive également de m’occuper d’elle. C’est à peine si j’ai une seule seconde à moi car il faut savoir que je cumule deux boulots. En effet, celui de Forgepierre est encore d’actualité et je parviens à arranger mon emploi du temps de façon à pouvoir tout assurer. Pour le moment, c’est à cela que se résume ma vie. Et je dois dire que je m’en accommode plutôt bien.

Du reste, si la situation actuelle dans laquelle je suis ne me déplaît pas, il faut savoir qu’à mes yeux, elle n’est pas définitive. Si demain, l’envie d’aller voir ailleurs me prend, je n’aurai aucun scrupule à le dire et à quitter les Ignis pour voir autre chose. Et ce, malgré les rencontres formidables que j’ai pu faire. On peut me qualifier de girouette, de Pokémon qui ne sait pas ce qu’il veut. Moi, je me considère juste comme quelqu’un qui tient à rester libre dans ses choix, dans ses pensées, dans ses positions. Je ne fais rien pour volontairement blesser les autres. Le but n’est pas là. Seulement, c’est ma philosophie de vie. Mais qui peut se targuer de savoir de quoi demain sera fait ?